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Pourquoi lancer un spin-off ?

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Dans leur quête d’innovation et d’optimisation des process internes, la plupart des grandes entreprises ont développé une technologie et/ou un nouveau service qu’ils gardent sous-exploités dans leur giron. Ces projets, véritables trésors cachés, représentent souvent un terreau fertile à la création de spin-offs. Dans ce premier article d’une série consacrée au sujet, nous allons nous intéresser aux bonnes raisons de se lancer dans cette aventure entrepreneuriale. 

Pour Michael de Lagarde, l’aventure du spin-off commence chez Delair, le fabricant de drones qu’il a co-fondé en 2010. Cette entreprise, dont il a été le CEO de 2010 à 2021, s’est spécialisée dans la construction de drones longue endurance pour faire de l’observation aérienne avec de nombreux débouchés dans l’industrie et dans la défense. 

« On s’est très vite rendu compte que nos clients n’en avaient pas grand-chose à faire des drones en eux-mêmes, explique-t-il à 321. Ce qu’ils voulaient, c’était de l’information utile sur la base de laquelle prendre les meilleures décisions possibles. On a donc été obligé de créer des outils logiciels pour transformer ces masses d’informations visuelles collectées pour les transformer en information utile. »

Très tôt, Delair comprend pourtant que la R&D réalisée pouvait traiter de l’imagerie au sens plus large que simplement celle réalisée par drone. Le logiciel se diversifie rapidement pour utiliser des données satellites mais surtout Lidar (une technologie de télédétection qui utilise des faisceaux laser pour mesurer des distances et des mouvements précis en temps réel). Ces capteurs peuvent être aéroportés, mais aussi transportés sur un véhicule ou par un humain.

Delair essaye de faire cohabiter pendant un temps son activité de vente de drones et celle de vente d’un produit logiciel. 

« Cette nouvelle activité était occultée par le business historique de Delair. On a pris la décision très rationnelle de séparer les deux. »

Le spin-off était lancé pour donner naissance à Alteia.  

Sortir un asset pour le faire grandir

Il s’agit peut-être là de la motivation la plus courante pour un spin-off : donner la possibilité à la nouvelle activité d’une entreprise de se déployer à 100% de son potentiel. De cette manière, la nouvelle entreprise devient un relai de croissance permettant de générer de nouveaux revenus.

Alteia faisait ainsi 5 millions d’euros de chiffre d'affaires lors de son premier exercice, avant de frôler les 10 millions pour le suivant. 

C’est aussi le cas de Sunday, une application qui simplifie le paiement en restaurant. Tout d’abord créée uniquement pour être utilisé dans les établissements du groupe Big Mamma, il a été rapidement décidé de libérer cette activité pour lui permettre de venir draguer l’ensemble du secteur de la restauration. Ce spin-off a rencontré un succès immédiat.  

De nombreux spin-offs permettent aussi de s’extraire de l’inertie d’un grand groupe, pour retrouver une plus grande agilité.

« On a fait en quatre mois ce que l’on aurait fait en trois ans », nous confiait un directeur de l’innovation. 

« Il s’agit souvent d’initiatives internes qui se sont déjà un peu développées, explique Patrick Amiel, fondateur et CEO de 321. Le corpo perçoit qu’il peut y avoir un potentiel marché, mais peine à saisir sa profondeur et les besoins de financement nécessaires. La question est d’ailleurs souvent financière : quelle est l’espérance de gain versus l’investissement nécessaire. »

Les avantages d’un spin-off réussi sont pourtant multiples puisqu’ils vont à la fois surpasser significativement les attentes en termes de rendement total pour les actionnaires, tout en augmentant la croissance du chiffre d'affaires, les marges de l'EBITDA et en réduisant les coûts administratifs et de production (source).

Sortir un projet qui n’est pas (ou plus) core-business

L’autre face de la même pièce, c’est le besoin de se séparer d’un projet qui n’est pas core-business. C’est l’exemple d’un géant industriel français (qui souhaite rester anonyme), qui s’est doté d’un lab d’innovation pour diversifier ses activités. Parmi les projets qui en émergent, certains se révèlent très prometteurs mais sont un peu trop loin du scope de l’entreprise. Plutôt que de le faire vivoter ou de l’abandonner, le spin-off est un moyen tout trouvé pour permettre à cette nouvelle activité d’être reprise par une équipe d’entrepreneurs qui pourront lui donner toutes ses chances.

La chose est également vraie quand une entreprise décide de recentrer ses activités et qu’elle doit se séparer de ce qui n’est plus au cœur du focus. 

Le groupe Alphabet (Google) s’est souvent illustré dans ce domaine. Après avoir développé une galaxie de projets, plus nombreux que les lettres de l’alphabet, le géant de Mountain View a commencé à leur donner une seconde vie sous la forme de spin-off. 

C’est le cas de Sandbox AQ, mais aussi d’Aalyria, un projet dans lequel Google garde une participation minoritaire. L’entreprise a expliqué vouloir limiter le nombre des projets internes et les dépenses associées, tout en espérant revaloriser les actifs de l’activité Loon (réseaux de communication à l'aide de ballons stratosphériques) dont les actifs ont été transférés à Aalyria. 


Donner des débouchés à des produits de recherche

C’est là une variation autour des deux premières motivations, mais de nombreuses structures n’ont pas pour vocation de créer des applications directes de leurs travaux et brevets. C’est par exemple le cas de l’Institut Curie qui s’est transformé en une véritable fabrique à spin-offs pour transformer ses travaux de recherches (son core-business) en un actif qui génère un bel impact dans le secteur de la santé, et qui peut lever des fonds de manière indépendante (chaque année une dizaine de millions d’euros).

L’institut s’est d’ailleurs doté d’un pôle dédié aux startups dans sa direction de la valorisation et des partenariats industriels. Le centre de recherche luttant contre le cancer vient donc mettre à profit le travail de ses 3700 chercheurs et l’accès à un trésor de données (on parle de 80 millions d’IRM et 20 millions de mammographies par exemple). 

Un fonctionnement qui ne sera pas sans rappeler celui du très célèbre MIT (Massachusetts Institute of Technology) qui a également multiplié les spin-offs avec de nombreux succès.

 

Lancer un spin-off répond à une multitude de motivations stratégiques, qu'il s'agisse de valoriser des innovations sous-exploitées, de concentrer les ressources sur le core-business, ou encore de dynamiser la croissance en capitalisant sur de nouvelles opportunités. Cependant, si les raisons de créer un spin-off sont nombreuses et variées, la clé de la réussite de ces entreprises réside indéniablement dans leur exécution. Une planification rigoureuse, une compréhension profonde du marché, une gestion efficace des ressources, ainsi qu'une capacité à s'adapter rapidement aux changements sont indispensables pour transformer l'opportunité initiale en un succès durable. En définitive, bien que la décision de lancer un spin-off soit motivée par des facteurs stratégiques solides, c'est l'excellence de son exécution qui permettra de réaliser pleinement son potentiel, en générant de la valeur ajoutée tant pour l'entreprise mère que pour le spin-off lui-même.

Rendez-vous le mois prochain pour entrer dans le dur de ce [HOW TO] spin-off : avec le partage des bonnes pratiques pour réussir son spin-off ! 

Et si vous souhaitez tester l'appétence du marché pour l'un de vos services développé en interne, notre équipe d'entrepreneurs peut vous accompagner.

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