Écrit par
Marine Vanier
Head of Marketing & Communication
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Société Générale évalue activement les perspectives de cession de Shine, sa néobanque dédiée aux professionnels, une démarche qui suscite de multiples interrogations.
La situation actuelle des fintechs, déjà précarisée par une crise de financement notable, semble s'orienter vers une année 2024 marquée par d'importantes turbulences. Le cas de Shine, mis en vente par Société Générale, confirme cette tendance et s'inscrit dans une dynamique plus large touchant le secteur bancaire, comme en témoigne la volonté d'Orange de se séparer d'Anytime et la décision de la Banque Postale de mettre un terme à l'aventure Ma French Bank.
Cette période a été marquée par un foisonnement d'initiatives innovantes de la part des banques, cherchant à se réinventer à travers des projets internes ou des acquisitions stratégiques, notamment suite au rachat de Compte-Nickel par BNP Paribas. La prise de participation de Société Générale dans Shine en 2020, pour un montant significatif de 100 millions d'euros, était représentative de cette démarche, soulignant l'attrait pour les néobanques et leur potentiel disruptif.
Néanmoins, le paysage économique a considérablement évolué, contraignant les acteurs bancaires à repenser leurs stratégies et à privilégier la rationalisation des coûts à une diversification effrénée.
Notre avis sur le sujet :
La vente envisagée de Shine (et d'Anytime) marque-t-elle un tournant dans la stratégie d'acquisition des groupes bancaires ?
Les groupes bancaires ne sont pas en train de renoncer à leur stratégie d'acquisition mais semblent plutôt s'orienter vers des cibles au modèle économique plus robuste, telles que celles du secteur du leasing automobile (avec les acquisitions de LeasePlan et Reezocar, par exemple). Face à des modèles économiques plus fragiles, notamment ceux des néobanques caractérisés par un produit net bancaire limité par client et des coûts élevés en marketing et conformité (KYC), un repositionnement semble de mise. Ce constat est également palpable dans le secteur de l'assurance, avec des cas comme celui de Luko qui a dû s'adosser à l'assureur Allianz.
Quels sont les écueils de cette innovation par acquisition ?
Cette stratégie doit être replacée dans son contexte. En 2020, le marché bancaire français assistait à l'émergence de nombreux nouveaux acteurs, pure-players français et internationaux, parmi lesquels Qonto et N26 Business se sont rapidement taillé une part de marché. Face à cela, les institutions traditionnelles ont dû réagir, soit par des créations internes, à l'instar de Blank par Crédit Agricole, soit par des acquisitions, à l'image de la démarche d'Orange ou de Société Générale.
Les études révèlent que deux tiers des acquisitions rencontrent des problématiques d'intégration significatives : chocs culturels, processus de décision lents et complexes, manque de synergies suffisantes au niveau de la distribution par les réseaux traditionnels, etc.
En fin de compte, ces opérations se soldent souvent par des efforts considérables pour des résultats qui ne rencontrent pas toujours les attentes initiales.
Quelles répercussions pour Shine ?
Créée en 2017 par des entrepreneurs brillants, Shine était probablement conscient des risques associés lors de son acquisition en 2020.
Le changement de direction au sein de Société Générale accélère vraisemblablement cette décision, d'autant que le contexte boursier incite à une rationalisation des coûts. Les difficultés rencontrées par Luko pour trouver un repreneur sont révélatrices. Un repreneur pourrait se manifester, mais probablement à des conditions financièrement peu avantageuses pour Société Générale. Quant à Shine, il reste à évaluer qui pourrait assurer son financement afin de lui permettre d'atteindre une taille critique et de garantir sa pérennité.
Quels profils d'acteurs pourraient être intéressés par l'acquisition de Shine ?
La majorité des banques françaises semblent actuellement se retirer de leurs activités de néobanques. Néanmoins, un acteur déjà bien établi cherchant à consolider sa position de leader ou un nouvel entrant international désireux d'accélérer son développement commercial en France pourrait envisager une telle acquisition. Cependant, il est crucial d'évaluer la valeur réelle du portefeuille clients de Shine, qui revendique 150 000 clients.
Sommes-nous à l'aube d'une ère de liquidation des pépites fintech acquises par les groupes bancaires ?
Dans un climat économique tendu, il est naturel que les investisseurs en capital-risque ou les groupes ayant réalisé des acquisitions procèdent à une rationalisation de leurs portefeuilles d'investissement. L'objectif est de concentrer leurs ressources sur les startups les plus prometteuses, quitte à se séparer de celles qui sont loin d'atteindre l'équilibre financier ou qui nécessiteraient un investissement et une prise de risque considérables. Des pépites telles que Compte-Nickel ou Worklife par Crédit Agricole illustrent que certaines acquisitions ont encore un bel avenir devant elles.
De plus, les investissements et la confiance des grands groupes envers les startups n'est pas rompue, comme l'appuie la dernière Fintech financée par BNP Paribas et co-construite avec 321.
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