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Quelles bonnes pratiques pour créer un spin-off ?

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Après avoir questionné les raisons de lancer son spin-off, le deuxième article de notre série consacrée aux spin-offs s’intéresse cette fois-ci aux bonnes pratiques pour le réaliser dans les meilleures conditions.

Si vous cherchez des contenus qui vous expliquent comment créer une entreprise, vous allez trouver des millions d’articles, vidéos, podcasts et autres livres.

C’est par contre bien différent si vous lancez une requête sur « comment créer un spin-off », où l’on se confronte davantage à un désert informationnel qu’à un tsunami.

L’expertise est en effet beaucoup plus rare dans ce domaine, alors même que nous assistons actuellement à une petite ruée vers l’or du spin-off. 

Rencontre avec quelques fondateurs de spin-offs pour en récolter les bonnes pratiques.

Atteindre un momentum avant de quitter la société mère

Vous avez probablement déjà entendu ce conseil donné aux consultants et parfois aux entrepreneurs : il faut attendre de facturer son premier client avant de créer sa structure juridique. En effet, il ne servirait à rien de le faire si vous n’avez pas l’assurance d’avoir un produit ou service pour lequel le marché est prêt à payer.

D’une certaine manière, il semblerait qu’un conseil similaire puisse être adressé aux fondateurs de spin-offs. 

En effet, le succès d’une telle structure sera d’autant plus assuré s’il profite de cette période au sein de l’entreprise pour valider l’intérêt de marché et travailler sa stratégie go-to market. Chez 321, cette phase est réalisée en deux mois pour permettre de réaliser un gain de temps et d’argent incomparable.  

Hugo Falgarone, CEO de Skyreal (spin-off d’Airbus), a suivi ce conseil à la lettre : 

« Je n’ai pas eu besoin de lever des fonds pour démarrer puisque j’avais trouvé suffisamment de clients en amont pour que, dès le premier mois, j’ai de l’argent pour démarrer et embaucher les premières personnes. Dès la première année, nous avons généré des bénéfices. »

Assurer son financement 

Il s’agit ici d’une variation du point précédent pour un produit qui aurait besoin de poursuivre sa phase de R&D et qui n’a donc pas pour vocation de se trouver une clientèle immédiate. Le conseil est prodigué par Cécile Campagne, directrice de la valorisation et des partenariats industriels à l’Institut Curie. En effet, cet acteur de référence de la lutte contre le cancer s’est aussi illustré par sa capacité à lancer de nombreux spin-offs au fil des ans.

« On en est aujourd’hui à 32 entreprises fondées par des technologies de l’Institut Curie, explique Cécile Campagne. Notre plus ancienne a été créée en 2002, mais c’est devenu exponentiel à partir de 2016 à partir du moment où une stratégie institutionnelle a été mise en place. »

Ce sérieux track-record a permis à l’Institut Curie de se forger un certain nombre de convictions au fil des années.

Un élément reste ainsi fondateur dans son approche : 

« On va créer la startup au moment où des fonds extérieurs sont assurés, décrypte la directrice de la valorisation. On n’officialise la spin-off qu’à partir du moment où l’on a un investisseur, que ce soit un business angels, VC, startup studio ou même corporate VC. »

Il est également possible que le financement initial soit réalisé par la société mère elle-même, ce qui nécessite d’avoir travaillé un business plan précis pour que le montant demandé soit le plus juste possible.

Ainsi, à défaut d’avoir la confirmation marchée apportée par la signature d’une première clientèle, le spin-off récolte tout de même une validation de la part de cet investisseur.

Planifier minutieusement la nouvelle incorporation 

« Faire un spin-off n’est pas un projet que l’on fait juste pour le plaisir, s’amuse Michaël de Lagarde, fondateur et CEO d’Alteia, spin-off de l’entreprise Delair qu’il avait également co-fondé.

« C’est quelque chose qu’il faut inscrire dans la durée pour que ce ne soit pas trop brutal et vécu comme un arrachage de dents, partage Michaël de Lagarde. On ne pouvait pas débrancher les fonctions supports dès le lendemain, donc nous avons eu une période de transition pendant laquelle les fonctions supports travaillaient pour les deux entités. Elles étaient à temps partiel avec un agenda prévisionnel. On a fait ça le temps d’embaucher et de former les nouveaux arrivants. »

Vingt-quatre mois plus tard, les deux entreprises continuent de manière indépendante avec une forte croissance de part et d’autre.  

Conserver le sponsor de l’entité mère

Parmi les nombreuses questions qui vont se poser avec la création d’un spin-off, il y a celle de l’identité. Il s’agit en effet d’un jeu d’équilibriste pour trouver la posture qui permettra d’en récolter les avantages, avec le moins d’inconvénients possible.

Encore aujourd’hui, l’image d’Alteia est souvent associée à celle des drones, alors même que la séparation a été mise en place pour diversifier la source des données traitées (qui ne sont plus qu’à 10 et 20 % par drone).

« C’est une image qui colle à la peau, confirme Michaël de Lagarde. On s’entend encore dire : « ah oui, vous êtes la filiale de Delair » trois ans après. »

Il s’agit évidemment d’un élément fondateur de ces spin-offs, qui jouent souvent le jeu du spin-off pendant un temps. Pour Hugo Falgarone, qui s’est envolé d’Airbus avec le projet Skyreal, cela a été un élément de présentation pendant plusieurs années.

« Je mettais toujours en avant le lien avec Airbus dans mes présentations. C’était un élément important de notre identité. Mais quatre ou cinq ans plus tard, on a commencé à l’effacer de nos présentations et de notre site web. Je vais évidemment le dire si on me demande comment s’est créé Skyreal, mais ce n’est plus comme cela que l’on se présente. Je crois que c’est un signe de maturité. Un moyen de démontrer que l’on est une entité à part entière. »

Le lien avec la société mère peut donc être un avantage lors du lancement, un moyen de légitimer un projet jeune, de lui ouvrir des portes. 

Aller chercher des clients à la culture proche de la société mère

Un autre avantage lié à la constitution d’un projet au sein d’une société mère, c’est la constitution d’une culture très spécifique. Il s’agit en effet de quelque chose qui a été très positif pour Skyreal qui s’est retrouvé à séduire toute une typologie d’entreprises à la culture proche de celle d’Airbus : 

« Ils voient bien que notre outil vient d’un environnement très industriel et certains clients y sont très sensibles. »

Dans ce cas de figure, le fait d’être un spin-off avait l’avantage de permettre d’identifier une clientèle toute trouvée : non seulement Airbus a immédiatement été (et reste toujours) un client de Skyreal, mais le spin-off a aussi pu séduire des fournisseurs d’Airbus et un grand nombre d’acteurs à la culture adjacente à celle du géant de l’aéronautique.  

Soyez conscients que chaque spin-off est unique

On l’a vu, un certain nombre d’organisations sont devenues de véritables fabriques de spin-offs à l’image du MIT ou de Google. Du côté de l’Institut Curie, Cécile Campagne attribue leurs nombreuses réussites au programme d’incubation qu’ils ont mis en place.

« Incubation dans le sens de l’œuf qui est incubé avant d’éclore, explique-t-elle. Les chercheurs vont ainsi signer une convention d’accompagnement avec l’Institut Curie et ils vont entrer dans un programme où ils rencontrent un réseau d’investisseurs et de mentors pour travailler sur leur modèle économique, leur business plan, leur pitch, etc.»

Il n’y pas de recette miracle donc, mais un processus très cadré pour accompagner la création d’un spin-off. 

L’ingrédient secret, c’est pourtant la flexibilité qui est mise en place pour s’adapter aux particularités de chaque projet. Aucun spin-off n’est semblable au précédent et il faut le concevoir comme toute autre aventure entrepreneuriale : avec de la patience, de la curiosité, et beaucoup de détermination. 

In fine, tout repose sur l’équipe que l’on met en place pour accompagner le lancement de ce spin-off. Pour 321, la voie à suivre est clair : 

« Un projet sera d’autant plus fluide et réussi s’il est entre les mains d’entrepreneurs aguerris, explique Patrick Amiel, fondateur de 321. C’est donc souvent une mauvaise idée que de créer le spin-off avec 100 % de collaborateurs internes. On ne s’improvise pas entrepreneur et il faut aller chercher ces compétences auprès des personnes qui pourront accompagner au mieux la réussite d’un spin-off»

Rendez-vous le mois prochain pour entrer dans le dur de ce [HOW TO] spin-off : avec le partage des erreurs à ne pas commettre quand on va lancer son spin-off ! 

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